22h30. Niko, le berger (Beis de son surnom), vient nous chercher comme prévu. Il nous invite à une fête qui a lieu dans son village ce vendredi soir (le 14/08/09). Charlotte, Kathleen et moi à l’avant, les autres à l’arrière du pick-up!
Le sourire aux lèvres, les yeux pétillants il nous raconte amusé, qu’il parle plusieurs langues : le grec, l’hindi, l’arabe et l’anglais… C’est vrai qu’il parle bien, au grand étonnement de Samir qui ne s’attendait pas à parler arabe en Grèce !! Vraiment hallucinant ce berger!
Au village, tout le monde est sur son 31 : les femmes ont troqué tee-shirt et mini short pour de belles robes de soirée, les hommes sont en belles chemises. Bavardage en premier plan, musique traditionnelle en fond sonore, la soirée bat son plein.
Peu de temps après, nous voilà tous attablés en compagnie de Beis et de ses amis autour d’un repas digne d’un pique-nique géant. Viande grillée apportée dans de grandes boîtes de chaussures et salade grecque présentée dans des petites boîtes en aluminium.
Personne n’ose toucher le premier à ces mets. Chacun, timide, attend que quelqu’un d’autre se désigne. L’un des amis de Beis nous secoue et nous dit qu’il faut se servir! Timides, mais quelque peu curieux de savoir quelles saveurs se cachent sous ces boîtes nous goûtons…doucement, mais sûrement.
L’ami de Beis nous regarde l’air amusé et nous montre comment il faut se servir : avec les doigts, bon dieu, avec les doigts!!! Il ne faut pas avoir peur de déchirer la viande, de prendre des morceaux, petits ou gros et de les mettre dans son assiette ou dans celle du voisin! La salade grecque, elle, se mange à plusieurs, chacun piochant avec sa fourchette.
C’est une explosion de saveurs… Cette viande a un goût extraordinaire, grillée mais encore très tendre. Elle craquelle sous nos dents et fond sur notre langue. Divin!! Mêlée aux tomates fraîches et à la feta faite maison, cela devient vite incontrôlable pour nos papilles. Pourtant, il y a polémique : est-ce du porc ? La question est fondamentale pour Mohamed et Samir, les deux musulmans du groupe. Beis ne cesse de répéter « Halouf, halouf ! ». Selon un voisin de table ce n’est pas du tout du porc. Les hypothèses fusent : chevreau, chèvre, agneau, mouton, voire sanglier ? Mystère non élucidé : nous retournons assez vite à nos assiettes et à nos discussions.
Une fois repus, certains vont danser pendant que d’autres filment et font de belles rencontres. Les gens sont formidables et pleins de générosité, à commencer par Beis. Quand nous avons voulu payer, il nous a bien vite fait comprendre qu’il n’en était pas question, que nous étions ses invités. « Mais comment ça ? Nous sommes huit, c’est de la folie ! On peut participer… » tente désespérément Charlotte. Rien à faire, la messe est dite : il nous explique qu’il a prévenu ses amis il y a deux jours et qu’ils attendaient ce soir là avec impatience. Ces hommes présents autour de la table et que nous ne connaissions pas quelques heures plus tôt nous ont donc offert un festin.
Il est 3h du matin, nous rentrons. Cette fois, je suis à l’arrière du pick-up, émue par tant de générosité, de simplicité et de gentillesse. Je lève la tête, cheveux au vent, vers le ciel étoilé. Si c’est pas la classe!!
Lucie Le Carrer