« Produce traditionale din Bucovina, La Bacia ». Ces mots, gravés sur une discrète plaque en bois, marquent l’entrée du marché Targul Taranului Roman de Bucarest. Il est à peine 10h, nous nous trouvons sur la Piata Amzei, à deux pas de la Romana, où une présentation de produits traditionnels roumains se tient du 12 avril au 26 octobre 2008. C’est l’occasion pour nous de goûter aux saveurs locales du pays et d’apprécier les réactions des exposants-paysans, pour beaucoup pessimistes quant à leur avenir professionnel, dans cette Europe remodelée.
Précédés de notre journaliste du jour, Claudiu, correspondant à la BBC, nous pénétrons dans le marché. Une dizaine de stands, fièrement dressés se font face, dessinant un couloir gastronomique ombragé par les immenses parasols qui se chevauchent. A l’entrée, des bols en porcelaine aux couleurs bigarrées côtoient vaisselles et cuillères confectionnées dans un bois raffiné. Pas le temps de s’appesantir sur les nuances, mon nez est aussitôt interpellé par les effluves de saucisses (carnati), de jambons et autres viandes qui se dégagent des présentoirs alentours. Nous tentons de nous frayer un chemin au milieu des badauds, jeunes et anciens, pour approcher, observer, sentir, parfois même goûter les produits. Finalement, on fait aussi notre marché. « Brasov, Zarnesti… »… D’anciennes ardoises, suspendues aux armatures des tentes, indiquent à la craie la provenance des vivres.
La Palinca, un cul-sec et ça repart
Séduit et contemplatif, mon oeil s’arrête plus loin sur les fromages de chèvre (branza de cabra). L’odeur est plus ténue que la viande mais l’allèchement de mes babines est intacte. Les musiques traditionnelles du Mara Mures facilitent la digestion de l’endroit au même titre que les livres, cartes postales et guides disposés à la consultation et à la vente dans une maisonnette en bois. Je reprends la route et recroise un boucher puis un fromager. Les herbes, olives (masline) et pains (paines) épicent cette route des plaisirs de bouche. Ma vue et mon odorat repus, je me laisse tenter par un cul-sec d’eau de prune (Palinca). « Noroc ! » (santé). Le producteur, habillé en vêtements traditionnels, m’en propose un autre. La gorge chauffée à sec par le breuvage, je décline l’invitation, me sentant subitement coupable d’une ingurgitation si matinale.
A la fin du parcours, sans salive, je me rappelle alors mon vide stomacal. Pas de panique pour autant… Une fumée m’attire… Un stand barbecue propose des mici (de petites saucisses épicées, véritables reines des repas pendant l’été). On peut alors commander, s’installer et déguster sur une table de picnic. Notre course est finie. Il ne me reste plus qu’à acheter quelques fruits au marché couvert permanent tout proche pour satisfaire complètement le palet. Nous quittons ce petit monde bien tranquille et replongeons d’un coup dans le stress et le brouhaha du centre ville.
Fabrice