Le foulard de la tradition

Posted on Août 5, 2008 in Breb, Expédition 2008, Roumanie

Dans le Maramures, le port du foulard n’est pas une question de religion mais de tradition, il en va néanmoins de la réputation des jeunes filles.

 

Dans les champs, au marché ou à l’église, le foulard semble l’accessoire indispensable des femmes du Maramures. Dans un premier temps, cet habillement, jupe à fleurs et tissu sur la tête, m’est apparu comme une marque de folklore, comme la preuve, qu’ici à Breb, les habitants n’ont pas succombé au modèle occidental.

Dans un second, je me suis interrogée sur l’utilité de ce fichu qui recouvre les cheveux. Est-ce pour se protéger du soleil et de la pluie ? Est-ce un signe de respect pour entrer dans l’église ? En voyant les fillettes de 12 ans jouer dans la rue, la tête couverte, je restais tout de même dubitative sur le sujet.

 

Et puis j’ai rencontré Illiana. La particularité de cette jeune femme de 27 ans, outre son tempérament volubile, c’est cette crinière blonde qu’elle affiche sans pudeur. Me sentant à l’aise avec cette jeune femme libérée, voire rebelle du point de vue de sa belle-famille, j’aborde la question qui me trotte dans la tête depuis quelques jours : « Pourquoi les femmes ici portent-elles un foulard sur la tête ? ». Ma question la fait rire. Elle ressort de son placard les foulards pour lesquels elle avait dépensé des fortunes. « C’est la tradition » m’explique-t-elle, ce sont les anciens qui incitent les filles à se couvrir les cheveux.

Si dans les pays musulmans, les hommes sont souvent pointés du doigt sur la question du port du foulard, ici se sont surtout les mères qu’Illiana accuse. Les femmes du village pensent que les filles qui ne portent pas le foulard vont draguer tous les garçons et sortir avec. La réputation de « traînée » menace donc celles qui ont décidé de laisser leurs beaux cheveux à l’air libre.

 

Le plus étonnant dans cette histoire, c’est qu’au moment même de la discussion, une amie d’Illana s’est jointe à nous, vêtue d’un foulard et d’un tee-shirt si moulant, que l’on ne voyait que sa poitrine imposante et un bout de son ventre.

 

Anna

 

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