I love Baris

Posted on Août 12, 2008 in Amasra, Expédition 2008, Turquie

Des cheveux longs, le regard perçant, moustache et barbe de trois jours, fard aux paupières en sus… Presque une gueule d’apôtre ce Baris Akarsu, icône d’Amasra, postérisé dans les moindres recoins de cette cité balnéaire de la mer Noire. Dès notre arrivée ici, nous sommes surpris par la “placardisation” outrancière de son image. Qui est-ce? La question s’impose. Après quelques recherches sur Internet et des informations prises à la volée auprès de la population locale, nous perçons le mystère.

Baris est un musicien de rock alternatif né en 1979 à Zonguldak, à quelques encablures d’Amasra. D’abord animateur et musicien à Antalya, il part à Karediniz Eregli où il se produit dans les bars et dans les émissions télévisées et radiophoniques. En juillet 2004, il gagne le programme Akademi Türkiye (l’équivalent de la Star Academy). Il s’installe a İstanbul pour poursuivre sa carrière musicale et faire vivre une célébrité naissante. İslak İslak, son premier album, renforce sa popularité grâce à une reprise d’une chanson réputée de Cem Karaca (un chanteur populaire folk-rock turc des années 1960, mort en 2004). L’album contient aussi la chanson “Amasra” dans laquelle Baris rend hommage à ses fans et à sa patrie. Aujourd’hui, la ville le lui rend bien.

En parallèle de la musique, il s’essaie à la comédie en jouant dans la sitcom Yalarci Yarim. Mais, la comédie vire brutalement au drame. L’ascension du jeune interprète s’arrête en une nuit, celle du 29 juin 2007. Akarsu est en route  pour Bodrum avec deux amis où une fête est prévue en l’honneur de son anniversaire. Soudain, ils heurtent un camion à une intersection dépourvue de feux de signalisation. Les deux proches meurent sur le coup. Baris est transporté à l’hôpital dans un état critique. Il décède le 4 juillet 2007, à l’âge de 28 ans.

Depuis cette date, le temps semble s’être arrété à Amasra. Le deuil persiste. Au point qu’un culte à la gloire du chanteur y est observé. Preuve en est: la statue démesurée faconnée à son effigie et tronant sur la jetée. Elle semblerait presque concurrencer la sculpture du “maitre” Ataturk placée une centaine de mètres plus loin. En juillet dernier, à l’occasion d’un Festival d’art et culture dédiée a sa mémoire, des affiches de lui – en 4 par 3 – sont collées sur tous les murs d’Amasra. Depuis, elles demeurent, comme pour ne jamais oublier l’enfant du pays. Ne pas tourner la page. Etrange sensation que cela procure. Cette “love addiction” pour l’enfant du pays se prolonge dans les boutiques de souvenirs. T-shirts, assiettes, tasses, horloges… Tout est prétexte à poser l’image de Baris. Marketing, quand tu nous tiens! Pour combien de temps encore? Personne ne le sait. L’amour n’admet pas nécessairement de limites…

Fabrice

Retrouvez les photos d’Amasra sur Flickr