Cinéma roumain: salles en crise, réalisateurs brillants

Posted on Juil 26, 2008 in Expédition 2008, Roumanie, Roumanie - Iaşi

Depuis la fin du communisme, le phénomène de désertification des salles de cinéma en Roumanie ne cesse de s’amplifier. Paradoxalement, la nouvelle vague de cinéastes annonce le retour d’une période faste pour le cinéma roumain.

Jeudi soir au cinéma Victoria de Iasi – mille places et seulement un spectateur dans la salle. Sans notre présence, la projection du film «Las Vegas 21» n’aurait pas eu lieu, un minimum de deux spectateurs étant requis. Avec un prix d’entrée de 8 Lei (soit près de 2 euros), la séance n’est pas rentable. Les entrées suffiront à peine à couvrir les frais d’électricité.

A Iasi, les trois cinémas étatiques, le Victoria, le Republica et le Dacia vivent la même crise. Les salles combles de la période communiste ne sont plus qu’un lointain souvenir. Il faut dire qu’à cette époque le cinéma était l’un des seuls divertissement offert à la population, une distraction qui restait néanmoins très contrôlée. Chaque jour, les sièges sont désertés un peu plus. Après deux heures passées sur un fauteuil inconfortable, peinant à comprendre les dialogues du film étant donnée la mauvaise qualité du son, il est facile d’imaginer que le spectateur préfère rester devant sa télévision, son ordinateur ou encore aller au cinéma dans un mall.

La concurrence des cinémas nouvelles technologie

Depuis 2007, deux cinémas ont été construits dans des malls, ces grands centres commerciaux de Iasi, des concurrents supplémentaires pour les cinémas étatiques, qui souffraient déjà de la démocratisation d’Internet et du téléchargement.

A présent, les supers productions américaines monopolisent tous les écrans de la ville, au grand désarroi de Paulina Breaur, directrice du Republica. Malgré sa fonction, Paulina n’a aucun droit de regard sur la programmation de son cinéma. A Bucarest, la société Romania Film gère la distribution de tous les cinémas d’Etat. Pour Paulina, seule une spécialisation dans le cinéma d’art et d’essai et l’organisation d’évènements culturels permettraient aux cinémas étatiques d’attirer à nouveau le public. Mais cette vision ne semble pas partagée, voire même envisagée, par les autorités du pays.

Une nouvelle génération de cinéastes engagés

Pourtant ce n’est pas la matière qui manque en terme de films d’auteurs. Depuis les années 2001, une nouvelle génération de cinéastes roumains réalisent chaque année des oeuvres engagées et de qualité. «Ryna» de Ruxandra Zenide, plonge le spectateur dans la dureté du quotidien des habitants du delta du Danube: pauvreté, alcoolisme, corruption… Récompensé en 2007, par la Palme d’or à Cannes, Cristian Mungiu aborde dans son film «4 mois, 3 semaines et 2 jours», le sujet de l’avortement pendant la période communiste. Autre style… Dans «A fost sau N-A fost», Corneliu Porumboiu a choisi de traiter sur un ton comique, voire ironique, la révolution. Ces jeunes réalisateurs très prometteurs ont reçu les honneurs de nombreux festivals et la reconnaissance du public, un public……… plus étranger que roumain.

Anna