Pour apprivoiser, sentir, s’imprégner et apprendre d’un pays et d’une ville aussi « monumentale » que peut l’être Bucarest, rien de tels que quelques guides dans la poche. Mais détrompez-vous, dans mon esprit, « guides » ne désignent pas nécessairement les Manouels Routard, Petit Futé et autres Lonely Planet, trop inanimés à mon goût. Je ne suis pas là pour préjuger de leur utilité mais j’ai tendance à mettre en doute leur sensibilité, leur partialité et, accessoirement, leur précision. Et, à trop vouloir les suivre, on a tendance à se perdre, noyées dans leurs centaines de pages d’informations partant tous azimuts. Cherchez l’évasion et l’info, éloigner l’évasif, tel apparaîtrait le credo.
Pour se familiariser avec les sites bucarestois, nous avons préféré opter pour un être fait de chair et de sang, le chef-guide Cristina Stanculescu, étudiante en Sciences politiques à Paris, une de nos correspondantes roumaines ici. A ses côtés et accompagnés de Z1 et A1 (noms de nos deux caméras choyées et chéries), nous avons emprunté la Calea Victoriei pour atteindre la place de la Révolution. C’est là que nous avons installé notre premier plateau filmé. Un endroit propice, chargé d’H(h)istoire(s)… Une invitation certaine à revisiter le passé. Nous avons poursuivi la visite sur le Bulevardul Unirii, avenue aux dimensions extravagantes et à la ligne d’horizon infinie. Ah, parlons-en de cette fameuse ligne d’horizon ! Je m’en souviendrai à l’avenir. Ce fut ma perte en cette première journée de formation caméra. « Fais attention à ta ligne d’horizon ! »… « Grosso modo », cette phrase pourrait résumer les critiques observées à mon égard lors du debriefing de fin de tournage.
La prise d’images s’est achevée face au Palais du Peuple, marque la plus frappante de la mégalomanie de Ceaucescu. Ce bâtiment qui abrite la Chambre des députés et le Sénat roumains propose des normes démesurées. Preuve en est, ces quelques chiffres : 270 mètres de long sur 240 mètres de large, une hauteur de 86 mètres, 1100 pièces réparties sur 12 étages et 350 000 mètres carrés de surface au sol, ce qui en fait le second plus grand édifice du monde après le Pentagone et surtout le plus imposant d’Europe. Rien que ça.
Après plus de deux heures de marche, c’est l’heure du clap de fin. Frappés par plus de 30 degrés au soleil, nous regagnons un bar pour rafraîchir et restaurer nos idées. Préserver notre guide aussi pour les prochaines aventures. Remarquez… On a prévu le coup, on a des guides de rechange…
Fabrice