Du calice à l’Ursus, dans ce petit village il n’y a qu’un pas. Boit-on autant les paroles du prêtre que celles de ses camarades de jeux?
Le jour se lève doucement sur les vertes collines du Maramures. Calme dominical d’un jour d’été. Le dimanche est le seul jour chômé ici. Le travail des champs ne laisse aux femmes et aux hommes que peu de temps à soi. La chaleur monte doucement, la rosée s’évapore et enveloppe le village des odeurs délicates d’une campagne luxuriante. 10h, Breb se réveille. Les deux clochers, orthodoxe et greco-catholique, sonnent le début d’un bal étrange pour des yeux etrangers. Les maisons doucement s’ouvrent et laissent s’échapper des habitants d’un autre temps. Au compte goutte, femmes et hommes traversent les petites rues en vêtements traditionnels. Chemise blanche en coton épais travaillé et petit chapeau de paille pour les hommes; jupe à fleurs, chemisier blanc et petit fichu pour les femmes. La petite foule éparse se dirige avec ferveur vers son lieu de culte, portant fièrement et d’un naturel déroutant les traces d’une tradition bien vivante.
Aux sons des chants lancinants du culte oriental, les deux églises se remplissent à mesure que le village se vide. Rares sont ceux restés chez eux pendant les deux heures que dure le culte. C’est la religion qui rythme ce début de journée. Mais si l’office est suivi avec une attention soutenue et sincère, sa fin sonne bientôt le passage du spirituel au spiritueux. La foi réchauffée par la grâce divine, c’est maintenant le temps de se retrouver en famille. Les rues s’emplissent à nouveau de cette agitation sereine qu’on devine se répéter depuis longtemps ici. En rangs serrés, hommes et femmes quittent l’office. C’est un autre lieu qui accompagnera le repos dominical. Entre les deux églises, le «buffet». Principal bar du village, jeunes et vieux s’y retrouvent dès 13h30, heure d’ouverture. On y joue au carré – jeu de cartes local –, on se retrouve autour d’une Ursus fraîche (bière roumaine)… Le cœur de la vie sociale breboise bat ici jusqu’à ce que cette fois-ci, l’autre foie soit à son tour réchauffé. À 20h, le village éteint doucement ses feux. Demain une dure semaine de travail recommence: les longues pluies ont retardé d’une semaine le séchage du foin.
Stanislas
Retrouvez les photos de ce fameux dimanche a Breb sur Flickr.
« Mais si l’office est suivi avec une attention soutenue et sincère, sa fin sonne bientôt le passage du spirituel au spiritueux »…
t’es là toi! beau gosse va, ca fait plaisir de te lire.
je vais dorénavant suivre ces petites chroniques avec attention
des baisers